lourde et l’a rejetée sur son voisin ; entre les explications données, la contradiction est absolue et nul document irréfutable ne peut jusqu’à présent permettre de formuler une opinion sans réserve. Il est certain cependant que le général d’Aurelle de Paladines a reçu, le 27 octobre, une lettre de Freycinet qui lui prescrivait de prendre Orléans, de s’y établir et d’y faire construire un camp retranché pouvant contenir 150 000 ou 200 000 hommes. Cette lettre est officielle et prouve que la délégation de Tours, c’est-à-dire Gambetta, voulait faire d’Orléans le pivot de ses opérations, beaucoup plus que le point de départ d’une marche sur Paris.
Freycinet a regimbé et a prétendu qu’après la bataille il a engagé d’Aurelle de Paladines à continuer son mouvement. On dit que le général ne s’est pas soucié de se découvrir en rase campagne, avec des troupes mal vêtues, médiocrement armées et sans cohésion suffisante pour tenir tête à l’armée du grand-duc de Mecklembourg et à celle du prince Frédéric-Charles, qui s’avançaient contre lui. Gambetta, qui ne reculait devant aucune exagération pour soutenir le moral des armées de province, annonça l’arrivée prochaine de Trochu à la tête de 160 000 hommes ; on n’avait qu’à les attendre, ils allaient arriver.
Enfin — et ceci est grave — M. L. Louvet a écrit, à propos de la bataille de Coulmiers : « On put croire à un changement de sort. Le général d’Aurelle de Paladines pouvait et voulait — dit-on — marcher vivement sur Paris. Gambetta s’y opposa pour des raisons inexpliquées. Sans doute, il craignait de découvrir la Loire, Tours, le Midi de la France et la délégation départementale du gouvernement. Pendant deux jours, aucune force suffisante n’aurait pu s’opposer à l’arrivée de l’armée de la Loire sur Paris. » Le cas était mauvais ; aussi les intéressés, généraux, dictateur, délégué à la Guerre, l’ont nié. La faute, je crois, résulte de la perturbation même du commandement, qui était exercé simultanément et sans entente préalable par le général en chef, par Freycinet et par Gambetta. Au jour des batailles, sous peine d’être vaincu ou paralysé dans l’action, une seule voix doit se faire entendre et être obéie.
Ce succès devait être isolé ; le 10 novembre n’eut point de lendemain ; partout il va falloir reculer devant la science militaire et le nombre de l’ennemi. On a beau se raidir, crier : courage ! promettre la victoire à des efforts nouveaux, rien