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THÉOPHILE GAUTIER.

dans la foule et a sombré de bonne heure. En revanche, la plupart étaient célèbres dans le groupe, pour ne dire dans la coterie, à laquelle ils appartenaient ; mais leur réputation n’a guère franchi le cercle où ils vivaient. Ce fait était commun alors, il l’est encore aujourd’hui.

Il semble que la recherche d’un pseudonyme baroque ou la découverte d’un titre d’ouvrage extravagant ait été une action enviable et glorieuse, Jules Wabre — qui s’en souvient ? — fut presque illustre pour avoir fait annoncer, — rien de plus, — un livre intitulé : de l’Incommodité des commodes ; Auguste Maquet, qui n’avait pas encore eu la bonne fortune de rencontrer Alexandre Dumas, se faisait appeler : Augustus Mac Kaët ; Théophile Dondey s’était transformé en Philothée O’Neddy. Gautier s’est souvenu de ces calembredaines lorsqu’il a écrit les Jeune-France : » Pendant six mois Daniel Jovard fut en quête d’un pseudonyme ; à force de chercher et de se creuser la cervelle, il en trouva un. Le prénom était en us, le nom bourré d’autant de K, de doubles W et autres menues consonnes romantiques qu’il fut possible d’en faire tenir en huit syllabes. » Cette manie dura longtemps : et si l’on cherchait bien, on découvrirait peut-être qu’elle n’a pas encore disparu.

Le grand homme du Cénacle, celui à qui l’on prédisait toute gloire à venir : — tu Marcellus eris ! — n’était ni Jehan du Seigneur, ni Bouchardy qui fut le Shakespeare du boulevard du Crime, ni Gautier