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LE CRITIQUE.

elle est tombée pour ne se relever jamais. Théophile Gautier a fait l’analyse de cette bouffonnerie, et cette analyse est un modèle de sans façon, de verve et d’enjouement. On peut être surpris que Scarron, dont les souffrances étaient telles,

Qu’il pleurait comme un veau, bien souvent comme deux,
Quelquefois comme quatre,


ait pu s’oublier assez pour abonder ainsi « en vers plaisants, en manières de dire originales, en idiotismes qui sentent bien leur terroir » ; mais, tout en étant assez amoureux de son poème, il eût envié la prose alerte, la belle humeur, la gaieté de bon aloi avec lesquelles Gautier a traité les « fils de la terre » que ses vers ont ridiculisés. Les chapitres des Grotesques sont, du reste, pleins d’aperçus ingénieux, de morceaux lestement enlevés et de petits tableaux historiques peints de main de maître. La bonhomie est parfois un peu narquoise, mais on y trouve toujours le témoignage du respect dû aux tentatives élevées de l’esprit. Plus d’un de « ces placards », comme eût dit Estienne Pasquier, devraient être donnés, dans un cours de littérature, comme exemple de critique intelligente, faite en connaissance de cause, courtoise par façon d’être, juste sans morgue et savante sans cuistrerie.

Quelques années après avoir publié les Grotesques en librairie, il eut l’intention de leur, donner une suite en faisant une série d’études détachées sur les prédécesseurs de Corneille, sur Desmazures, Grévin,