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LE CRITIQUE.

fériorité, en tant que poète, est peu contestable, a profité de cet attendrissement naturel entre anciens amis qui se retrouvent après une longue absence. Si Théophile Gautier a répandu quelques fleurs de trop sur la tombe où dorment les Poésies de Joseph Delorme, les Consolations, les Pensées d’août, il ne faut pas l’en blâmer, car elles étaient dues à l’auteur des Portraits littéraires, des Causeries du Lundi et à l’historien de Port-Royal.

C’est à André Chénier que Théophile Gautier fait remonter le point de départ de la poésie moderne en France. Sans discuter cette opinion qui pourrait être sujette à controverse, il est certain que les œuvres posthumes de celui qui a dit :

Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques,


eurent un retentissement considérable lorsque en 1819 elles furent publiées par H. de la Touche : « Toute la fausse poésie se décolora et tomba en poussière. L’ombre se fit rapidement sur des noms rayonnants naguère et les yeux se tournèrent vers l’aurore qui se levait. De Vigny faisait paraître les Poèmes antiques et modernes ; Lamartine, les Méditations ; Victor Hugo, les Odes et Ballades, et bientôt venaient se joindre au groupe Sainte-Beuve avec les Poésies de Joseph Delorme, Alfred de Musset avec les Contes d’Espagne et d’Italie. » J’ai cité ce passage parce qu’il est explicite et renferme tout le système de Gautier sur la rénovation de la poésie française.