Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/10

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le brave officier, correct en toutes choses, m’envoyait demander la permission de relancer l’animal sur mes terres.

Les Hindous appellent quelquefois « tigres noirs » les solitaires dont j’ai parlé plus haut, non à cause de leur couleur, mais parce qu’ils supposent que ces monstres, pris de délire sacré du meurtre, incarnent l’une des sept âmes de la déesse Kâli (la Noire), à laquelle ils sont, d’ailleurs, voués.

Je poussai un cri de joie et remerciai le messager, auquel je fis donner un agneau et une mesure de riz, lui recommandant de manger en mon honneur un kidgerri complet. Je le chargeai, en même temps, de prévenir Steadman que je le rejoindrais moi-même sous une heure. — L’Indien se confondit en actions de grâces, but un verre de whiskey fortement étendu d’eau et partit allègrement.

Je fis mes préparatifs à la hâte, et me munis d’une canardière à deux coups, dont je chargeai l’un des canons de quatre chevrotines, et l’autre d’une balle. Nous nommions — fort improprement d’ailleurs — canardières ces excellents fusils français dont la maison Munié avait, pour ainsi dire, le monopole, et que les Anglais eux-mêmes proclamaient les meilleures armes du monde. Depuis lors, les carabines Devismes, Enfield et Armstrong ont avantageusement remplacé nos premiers fusils de chasse.