Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/11

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On ne parlait encore ni du fameux Gérard, le tueur de lions, ni de Baldwin, ni de Bombonnel. Mais les Anglais comptaient déjà quelques chasseurs célèbres ; Steadman était du nombre.

Sûr de mes armes, je montai à cheval, n’ayant pas le temps de faire équiper mon éléphant Kandâra, et partis, escorté de dix coolies et de mon brave tchaprassi Dandari.

Mon cheval était une bête rare, pur turcmène persan, que j’avais payé mille roupies (2 500 fr.), et dont la robe alezan doré m’avait fait bien des jaloux.

Il y avait de mon bungalow à la Goumti près de quatre milles (6 kilomètres) ; mais le chemin était facile sur une route superbe que j’avais fait tracer à mes frais. — Les indigoteries confinaient d’un côté à la rivière où j’avais installé un service de bateaux, de l’autre à la jungle. C’était dans la jungle que le tigre s’était réfugié. Il devait venir de fort loin, car, de mémoire d’homme, cette jungle n’en avait révélé aucun, n’étant pas assez vaste pour permettre à un aussi gros mangeur d’y vivre confortablement.

Je ne tardai pas à être renseigné.

Averti par le messager, Steadman était venu m’attendre sous la verandah de mon principal comptoir. En arrivant, j’aperçus à l’entour de mes godous (magasins) six éléphants et une meute de soixante chiens parias, ces derniers retenus par le