Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/12

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simple geste des behras et des saïs (valets et palefreniers). Steadman était accompagné de cinq officiers de Cawnpore, nos amis communs. Nous nous serrâmes les mains.

— So, Will, — me dit le colonel en riant, — est-ce que vous comptez aborder le man’s eater à cheval ?

— Ne vous en déplaise, — répondis-je.

Il fit un haut-le-corps.

— Mais vous m’avez dit vous-même que vous ne l’aviez jamais chassé ?

— Oui, répliquai-je. — Mais il me plaît de l’aborder ainsi.

Alors Steadman se tourna vers ses compagnons.

— Hallow ! messieurs, un hurrah pour William V… C’est le plus brave d’entre nous.

Il était temps de nous mettre en chasse. Mais comme nous étions presque à jeun, je fis préparer à la hâte par le babourchi (cuisinier) de la factorerie un curree-bât, agrémentée de bartha, auquel nous fîmes tous honneur.

À midi, nous entrions dans la jungle.

Tout le personnel des deux plantations et des villages qui les entouraient était sorti pour voir défiler les chasseurs. Ce fut à qui nous adresserait les meilleurs souhaits, mêlés aux plus farouches imprécations contre le jungaul barsathi (roi de la jungle), dont la présence terrifiait les pauvres Hindous.

La jungle n’était pas considérable, — ai-je dit. On la traversait à pied, dans tous les sens, en trois quarts d’heure, — pas même la superficie de Paris. — En revanche, elle était d’une difficulté énorme