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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/111

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LES POIRES D’OR


une semaine et elles seront d’or ; et il attendait si bien que les poires disparaissaient une à une.

Enfin, quand garçons et filles furent en âge, l’aîné qui s’appelait Yann, dit au cadet que l’on nommait Claudik : « Si tu veux, nous chiperons les poires et nous filerons avec ? »

Il faut vous dire que Yann était un coquin fainéant qui déjà avait eu plus d’une affaire avec les gendarmes de ce temps-là ; tandis que Claudik était un bon fils, joueur de biniou de son état, et joli garçon par-dessus le marché.

— Non pas, répondit Claudik, non pas, car les poires sont à mon père et à mes sœurs.

— Alors, je veux qu’on fasse le partage, et moi je veux une poire pour moi tout seul ; pour ma soif, ce n’est pas trop, et je me charge de garder le poirier, si bien que les voleurs n’y viendront pas.

— Oh ! tu as tort, reprit Claudik, cela fera de la peine à notre père ; et il vaut mieux être pauvre que de faire une mauvaise action.

— Comme tu voudras : moi, je vais lui demander ma part.

Yann fit comme il avait dit et, malgré son chagrin, le vieux Roi consentit à faire le partage : la poire du nord à l’aîné ; celle du sud à Claudik et celle du milieu à partager entre les filles, dont, par bonheur, cinq voulaient déjà entrer en religion, dès que le bon Dieu aurait permis de les doter.

On était alors à la fin de juillet, et les poires d’argent prenaient déjà une teinte d’or magnifique. Yann