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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/119

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LES POIRES D’OR


— En ce cas, dansons au moins le bal, dit-elle en considérant son jeune cavalier, car après avoir vu mon père, vous ne pourrez danser de votre vie.

— Oh ! que si, répliqua Claudik : j’ai là dans mon sac de quoi me tirer de presse. Je veux guérir votre père et vous épouser ensuite, si vous y consentez, Madame.

— Je le voudrais bien, dit la princesse en baissant ses beaux yeux, mais il y en a tant, hélas ! qui sont venus et cependant…

— Vous êtes encore à marier, par bonheur pour moi, continua le galant ; mais ne craignez rien ; menez-moi seulement devant le Roi et vous verrez.

La princesse lui dit alors de la suivre sans parler et de tirer ses galoches. Ils passèrent ainsi par des enfilades de salles superbes, pavées de marbre et d’argent, gardées par des dragons, des lions et des léopards. Tout autour, sur des bahuts sculptés, on voyait, par douzaines, des poires étincelantes, que Claudik reconnut aisément. Les salles étaient éclairées par des flambeaux d’or et de cristal. C’était éblouissant ; et à cette lumière, Claudik trouvait Fleur-du-Kranou de plus en plus belle. Enfin ils arrivèrent à l’entrée d’une salle plus vaste encore, mais faiblement éclairée à cause du Roi qui s’y trouvait couché. La princesse fit signe à Claudik de tirer son chapeau. Les dragons qui défendaient l’entrée, lancèrent des flammes sur le sonneur ; mais dès que les flammes approchaient du sac, qu’il portait toujours sur son dos, elles s’éteignaient à l’instant, par respect apparemment. Fleur-