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FANTÔMES BRETONS


du-Kranou étonnée en était ravie au fond du cœur, et commençait à espérer des noces.

Tout à coup le géant s’éveilla en disant : J’ai faim ! et aussitôt qu’il eut aperçu Claudik au milieu de la chambre, il s’écria comme un tonnerre : Bon ! celui-ci est jeune, qu’on le mette à la broche, avec des pommes de terre !

Oh ! ciel ! Claudik à la broche, avec des pommes de terre !!

Au même instant, quatre grands coquins de cuisiniers anglais, armés de coutelas, se jetèrent sur le malheureux !…

Attendez un peu avant de gémir sur son sort.

Les coutelas eurent à peine touché le sac de Claudik, que les lames se cassèrent en mille morceaux, par respect apparemment. Puis le sonneur ayant gonflé son biniou, joua l’air de la vieille (Ann hinigous) et le bal de recommencer joliment. Fleur-du-Kranou dansait avec Claudik ; les cuisiniers tournaient avec leurs broches ; les dragons faisaient le passe-pied avec les lions, et les chiens de garde dansaient le jabadao avec les loups. On dit même que le roi, malgré sa faim et sa colère, sautait malgré lui sur son lit de parade ; il avait beau hurler : Qu’on le mette à la broche ! bah ! la danse continuait plus furieuse que jamais, et elle continuerait encore, peut-être, si Claudik ne se fût arrêté, épuisé naturellement à cause du sac et de la main énorme qu’il avait toujours sur le dos. Voilà : ainsi finit le bal, et mon histoire aussi va finir, car vous saurez que quand Claudik eut fait sa dernière