Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

181
LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


veuve… Voyons, tout de suite, tonnerre ! tu vas le jurer ; n’y a pas à balancer, mille et mille tremblements !

— Jamais, s’écria Anna, jamais ! D’ailleurs, vous avez menti, Julien existe, je le sais, je le sens dans mon cœur. Laissez-moi !

En achevant ces mots, elle prit un élan désespéré et s’élança parmi les pierres et les rochers avec une rapidité si imprévue, que Corfmat, avant qu’il pût songer à la poursuivre, se demandait par où elle avait passé.

Cependant, après avoir poussé les jurements les plus effroyables, le marin, revenu de sa stupeur, allait sans doute se mettre à la recherche de la victime qui venait de lui échapper, lorsqu’un sifflement prolongé se fit entendre à une petite distance sur la mer.

— Ah ! se dit Corfmat, je crois que cette niaise allait me faire oublier les affaires.

Et répondant lui-même au signal par un sifflement pareil, il s’assit tranquillement sur une pierre, à la place qu’Anna avait occupée. Alors une chaloupe vint accoster un peu au-dessous du récif où Corfmat avait placé son fanal. Un homme débarqua, et les deux complices s’étant rencontrés sur la grève, la conversation fut bientôt engagée entre eux. Nous en indiquerons les principaux passages, bien qu’elle eût lieu, en grande partie, dans une langue étrangère.

… — Cinquante guinées, yes, nous donner à vo cinquante guinées…

— J’en veux cent, dit Corfmat ; ce n’est pas trop pour une belle frégate comme cette satanée Galathée… Je veux cent guinées, pas un liard de moins.