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FANTÔMES BRETONS


qui lui semblaient utiles ou nécessaires au bien d’autrui.

M. Tanguy venait de se mettre en marche dans la direction du port, lorsqu’il crut entendre rouler les galets sur la grève au-dessous de lui. Il s’arrêta derrière un rocher et se mit en observation. Quoique l’obscurité fût complète, il distingua bientôt l’ombre d’un homme qui tranchait un peu sur la teinte plus pâle du sable sur lequel les flots roulaient à chaque instant. M. Pol laissa passer le rôdeur sans bouger de place, et dès que celui-ci eut disparu du côté du petit port, le prêtre dirigea ses pas à la suite de l’inconnu.

La nuit était si sombre, les rafales faisaient tant de bruit en mêlant leurs sifflements au battement des flots soulevés, qu’il était bien difficile à une certaine distance de se rendre compte de ce qui se passait. Cependant, de temps à autre, le recteur, dont les yeux exercés perçaient les ténèbres, apercevait son homme allant et venant au milieu des barques échouées dans le fond de la baie.

— Mon Dieu, se dit-il, n’y pouvant plus tenir, que mes braves amis tardent à venir… N’importe, il faut que je sache ce que fait cet homme.

Et le voilà rendu sur le bord de la mer.

— Que faites-vous là, s’écria-t-il d’une voix forte, en reconnaissant le marin qui, les pieds encore dans l’eau, venait de pousser au large une embarcation. Que faites-vous ? Répondez.

— Ah ! c’est vous, recteur, dit le matelot à moitié ivre ; c’est vous qui passez vos nuits à espionner les