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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/201

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LE FILS DU PILLEUR


On le notait déjà comme contrebandier ou forban. C’est pourquoi maître Christophe qui le détestait, résolut de le surveiller et de le prendre en flagrant délit. D’où venait cette haine de Brionel contre Lestour ?… Marie avait été belle dans sa jeunesse ; elle l’était peut-être encore, et le brigadier s’en était aperçu quand elle comptait vingt printemps. Marie avait-elle refusé l’uniforme du gabelou ? Nous ne savons au juste ; mais la supposition ne serait pas dépourvue de quelque vérité.

Sur ces entrefaites, un naufrage eut lieu en vue de Lok-Irek. Un brick hollandais vint s’échouer sur un banc de roches à un mille au large. À cette époque, les moyens de surveillance et de sauvetage faisaient à peu près défaut. La tempête ayant continué toute la nuit, le navire se trouva bientôt démoli par ses coups incessants et les lames portèrent à la côte de nombreuses épaves. Lestour dont la cabane était à proximité, ne fut pas le dernier à remarquer les objets que la mer charriait dans les anses.

Le pilleur n’osa rien enlever pendant le jour suivant ; mais la nuit étant venue, sans que les douaniers, retenus sur un autre point, eussent paru aux environs, il s’arma de son long croc à naufrage et alla se cacher dans une caverne profonde. Puis, après une heure d’attente au milieu des bruits de la tempête, ne voyant rien bouger sur les falaises, Lestour s’avança sur la plage et commença son affreuse récolte. Tout se passa bien d’abord : le vent mollissait ; la mer se retirait, laissant à sec caisses, barils, voiles, cordages… La