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FANTÔMES BRETONS


le vent et la marée, déferla dans le chenal étroit sur le passage de la pauvre enfant qui roula submergée en poussant un long cri de détresse....

Quelques minutes après, Martha évanouie était déposée sur le sable, au bord de la baie. Un matelot tout ruisselant d’eau de mer, à genoux auprès d’elle, essayait de la ranimer… Puis, rapide comme l’éclair, le matelot se releva, et abandonnant sa charitable besogne, disparut derrière les grandes roches…

— Quoi ! une femme affalée sur le sable… noyée… Non, ça remue… Mille et mille tremblements ! c’est Martha. Ma fille ! ma fille, me voilà près de toi, tu n’as plus rien à craindre. Eh ! tonnerre ! que venais-tu faire si tard par ici ?

— Vous espérer, mon père, et prier le bon Dieu pour vous, murmura Martha d’une voix faible.

— C’est bon, c’est bon, dit le marin. Qui diable t’a tirée de ce mauvais pas ? Qui s’est sauvé à mon approche ?

— Le flot m’a surprise sur la pointe, répondit la pauvre petite, soit qu’elle voulût éluder la question, soit qu’elle ignorât en vérité le nom de son sauveur.

— Prends garde, mille bombes ! reprit le brigadier ; ne va pas louvoyer avec moi. Puis, s’apaisant un peu, il marmotta entre ses dents : — Oui, j’aime ma fille, sans doute ; mais si elle avait eu le malheur d’être tirée de l’eau par ce fils de forban, oh ! tonnerre ! je crois que…

Et il frappa la roche de son lourd talon à l’ébran-