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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/209

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LE FILS DU PILLEUR


ler… Les choses en restèrent là pour cette fois. Christophe ramena sa fille dans ses bras à son habitation, gronda rudement la vieille gardienne et l’on ne parla plus de cet accident dont peu de personnes eurent connaissance.

Tel fut le commencement de la vengeance du fils du pilleur. Pour lui, ce n’était pas assez : il comptait sur la Providence et espérait mieux encore.


IV

Quelques mois après, sur le tard (on était à la fin de novembre), Franz parcourait les falaises, selon son habitude, quand, revenu de la pêche après avoir rapporté son poisson à sa mère, il allait au fil de l’eau pour songer à la pauvre Martha et à leur malheur. Un grain s’était levé au large, sans qu’il l’eût remarqué. Il faisait noir par moments, sous les grosses nuées, quoique, par intervalles, la moitié de la lune vînt jeter sur les flots de longues traînées d’argent. Il était occupé à regarder sous le vent de la pointe, où se trouve une sorte de chaussée d’écueils que la mer recouvre en montant, les évolutions hasardeuses d’une barque de pêche, que le vent du large semblait affaler vers les brisants. Le vieux matelot qui partageait son embarcation avec lui pour la pêche, l’aborda en ce moment.

— Voilà une barque qui file un mauvais nœud, m’est avis, lui dit-il. Si le patron perd de vue le clocher de Lok-Irek, il est coulé, c’est sûr.

— Ce n’est que trop probable, Tom, répondit Franz