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KATEL-KOLLET


Ce que voyant, le sire de la Roche défendit à Katel d’aller aux assemblées et l’enferma dans la tour, lui disant qu’elle y resterait jusqu’au jour où elle aurait donné le titre d’époux à l’un de ses nombreux prétendants. Or, Katel avait un page, moins grand que le lévrier de son oncle et aussi noir qu’un corbeau. Elle l’appela un matin avant le jour et lui dit :

— Il dort le vieux Moriss ; mais Salaün veille pour Katel. Monte à cheval ; les gardes te laisseront passer. Prépare l’échelle flexible que tu fis pour moi, et porte ce message au château de Ploudiry…

… Une heure après, au pied de la tour, sous la fenêtre où pendait une échelle de lin, un beau jeune homme et la brune prisonnière montaient sur le même coursier… Et bientôt, sur les routes encore sombres du grand bois, le forestier entendit un galop rapide, et le nain jaloux, resté seul au pied du donjon, ricanait en disant : « C’est aujourd’hui le pardon de la Martyre ; Salaün, tes glas sonneront ce soir !… »


II

En les voyant arriver ainsi au pardon de la Martyre, on fut frappé d’admiration, tant ils étaient tous deux jeunes et beaux. Katel, plus radieuse que jamais, présenta Salaün comme son fiancé à toute la compagnie.

— Oui, disait-on tout bas, fiancé de la danse qui enivre et qui tue !

Peu après le bal commença. On y avait appelé les meilleurs sonneurs de Cornouaille. Nombreuse et belle