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KATEL-KOLLET


fleurie. Au même instant minuit sonna dans la tour. Les torches (torches funèbres) pâlirent, puis s’éteignirent une à une… Et tout auprès, dans l’ombre, ricanait le nain noir…


III

— Déjà ! s’écria Katel en jetant un regard de mépris sur Salaün évanoui et sur les sonneurs exténués, déjà fatigués pour si peu !.. Par l’enfer !! qui me donnera danseurs et musiciens dignes de moi ?…

À cette imprécation horrible, un lustre formé d’éclairs fulgurants se balança sous les grands chênes dont le feuillage rougi se froissait, agité par une brise enflammée. Deux hommes, deux fantômes, parurent tout à coup au milieu du cercle des spectateurs qui se disposaient à fuir, et demeurèrent cloués à leur place par la terreur. L’un des étrangers, vêtu de rouge sous un manteau noir, portait sous le bras un biniou énorme dont le pavillon était formé par une gueule de serpent. L’autre de haute et belle taille, vêtu de noir avec un manteau rouge, portait sur la tête un panache de plumes de vautour qui dissimulait en retombant le feu de son regard.

Soudain, le biniou, enflé par un souffle formidable, fit entendre des accents dont tout le monde se sentit épouvanté, tous, excepté la brune danseuse, car le sonneur rouge jouait un branle inconnu, irrésistible… Et le cavalier au toquet de vautour vint saisir dans ses bras nerveux Katel qui semblait l’attendre et l’inviter d’un regard ardent.