rapidement. Mais, hélas ! outre que la mer avait un peu monté, les lames déferlaient dans la baie avec plus de fureur et roulaient à grand bruit sur les galets. Marguerite elle-même sentait diminuer son assurance ; elle ne retrouvait plus les pierres solides, et, chaque fois que les vagues venaient s’abattre, de l’autre côté, contre les récifs, en les couvrant d’une écume épaisse que les rafales emportaient au loin, elle frémissait d’épouvante.
Abel s’en aperçut ; il conjura sa faible compagne de le laisser passer devant elle, et se mit à marcher en avant, sondant à chaque pas la profondeur de l’eau, au moyen de la gaffe qu’il avait heureusement conservée ; mais il n’avançait plus qu’avec une grande lenteur. La mer montait toujours, avec d’autant plus de force que le vent portait à la côte. Toute la chaussée se trouvait ensevelie sous les flots. Plus rien pour se conduire dans les ténèbres ; pas même cette transparence de l’eau, presque imperceptible, qui tout à l’heure les guidait encore. Plongés dans la mer, souvent jusqu’aux aisselles, ils se sentaient soulevés à chaque moment, et ne pouvaient se diriger que par les ombres, à peine visibles, des marins errant sur la plage, ou par la direction des clameurs et des appels que poussaient ces braves gens consternés. Aucun bateau ne se trouvait dans cette baie peu fréquentée ; on ignorait, du reste, l’endroit où étaient les pauvres enfants : un coup de mer avait pu les emporter au loin de l’autre côté des brisants…
Abel, soutenant d’une main Marguerite, sondant