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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/241

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LA CHAPELLE DE LOK-MARIA DE GROIX


nuit était déjà sombre ; il allait passer sans s’arrêter, quand il vit briller une lumière sous la voûte du vieil édifice dont il avait fait, nous l’avons dit, un magasin de bois.

— Qui va là ? s’écria-t-il avec colère.

— C’est moi, Monsieur, moi, Jacques, votre serviteur.

— Que fais-tu par ici, misérable ?

— Pour l’amour de Dieu, laissez-moi hisser là-haut mon fanal dans le clocher ; c’est pour les navires…

— Les navires n’ont pas besoin de ta méchante lanterne ; au surplus il n’y a pas de bâtiments sur la côte de Groix.

— À la côte, non pas tout à fait. Dieu merci ! mais ils peuvent y tomber cette nuit…

— Laisse-moi tranquille, Jacques ; va-t’en ! Je ne veux pas que tu mettes ce fanal sur la tourelle ; je ne l’ai toléré que trop longtemps. Le vent pourrait le faire tomber dans le magasin au-dessous, et alors le feu… tu comprends ?

— Oh ! par pitié, Monsieur, laissez-moi faire ; j’ai promis…

— Ça m’est égal, sors d’ici.

— Pourtant, Monsieur…

— Écoute, Jacques, tu veux m’irriter à toute force, et, si je me contiens, c’est à cause de… mais rappelle-toi bien que si jamais je vois une lumière sur ce clocher de malheur, je te chasse !

Le négociant s’éloigna, à ces mots, laissant le mal-