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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/243

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LA CHAPELLE DE LOK-MARIA DE GROIX


maître ; impossible, le vent a abattu l’escalier de la tour… Ah ! c’est un grand malheur.

— Alors, allumons une flambée, là sur le haut, dans le creux du rocher.

Bientôt une flamme entretenue malgré la pluie, par des débris de chaloupe couverts de peinture et de goudron, projeta sur la mer en furie une clarté que l’on pouvait apercevoir de plusieurs milles.

Sur les neuf heures du soir, la tempête acquit une violence extraordinaire. Les nuages d’un noir affreux, roulés les uns sur les autres par des vents opposés, découvraient parfois, en se déchirant, au milieu de leurs sombres entrailles, des profondeurs qu’illuminait la lueur des éclairs. La mer, soulevée par des tourbillons, portait ses vagues blanches d’écume à plusieurs centaines de pas sur la falaise ; et à l’endroit de la chaussée, dans la baie, les plus hauts rochers qui formaient l’escarpement de la côte, semblaient couverts, à chaque instant, comme par d’épais flocons de neige.

Depuis quelques moments, les éclairs, amortis par des torrents de pluie, ne sillonnaient plus le sombre firmament ; l’obscurité n’en était peut-être que plus affreuse. Au delà de l’espace qu’éclairait le brasier soigneusement activé par les marins, on ne distinguait rien, ni sur la grève, ni sur la mer. Où courait le vaisseau en perdition ? On en était réduit aux conjectures, car le canon ne tonnait même plus de loin en loin, et aucune lumière ne brillait sur le tillac… Tout à coup un bruit sourd, une secousse semblable à celle