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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/178

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PERVERSE

Alors, le soldat africain, un poing sur la hanche, se campa en bas de sa fenêtre et, à son tour, la regarda.

Dans ses yeux doucement bleus, emplis d’une langueur indéfinissable, de cette langueur qui contient le sourire, le désir et l’appel, passait une flamme de défi et de triomphe ; et, comme dans les casbahs algériennes il fixait la mauresque accoudée à la fenêtre, pour en attendre, le : « monte zouzou ». il attendait, de même, qu’on voulût bien l’appeler.

Il ressemblait maintenant à une statue, et son air, de tendre, était devenu fascinateur, narquoisement.

Les yeux gris de Paula répandaient leur lumière dans les yeux bleus du zouave ; elle se donnait déjà à lui dans ce regard moite de passionnalités, à demi-clos des savoureuses espérances qui titillaient sa chair et semaient des frissons sous ses aisselles.

Et l’homme, en bas, indifférent aux passants qui le frôlaient, ne détachait pas ses yeux qui s’humectaient de liqueur séductrice,