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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/237

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PERVERSE

Et prête à les sacrifier l’un et l’autre pour celui-là, curieuse de nouveau, insensée, belle, elle crut avoir trouvé ce monstre de son désir et elle s’empressa de l’offrir à son contentement.

Il vint, ce phénix, sous la forme d’un valet d’antichambre, trouvé dans le vestibule de l’hôtel Bristol.

Il s’appelait Frédéric, était Allemand d’origine et probablement espion de son pays. Malgré sa figure bestiale, malgré ses mains et ses pieds énormes, très grand, large d’épaules, la poitrine bombée sous l’habit chamarré de sa livrée, il avait encore dans les yeux, une étincelle vive et pénétrante qui démontrait l’intelligence de cette bête humaine colossale.

Paula apprit l’histoire de Frédéric par sa femme de chambre qu’elle questionna habilement, un jour, en feignant de s’intéresser à tout le personnel de l’hôtel.

Il se targuait de malheurs qui l’avaient fait valet : il avait eu un grand-père colonel, son père était mort empoisonné par une