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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/283

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PERVERSE

ses bras de femme eussent une caresse, étaient, dans son imagination, formés du mélange de ses amants réels ; et le type qui demeurait dans son cerveau, était l’amant idéal, adoré, aimé, à la fois Gaston de Plombières avec un peu de la brutalité de Joseph, un peu du vice du docteur et du clown.

Et lorsqu’elle s’éveillait, les sens raidis, elle enlaçait le vide et se trouvait heureuse.

Il lui arrivait aussi, pour délasser ses nerfs, de se souvenir qu’elle avait une fille. Elle appelait Ketty ou courait dans sa chambre, l’embrassait, la caressait, et durant une heure s’abandonnait, à un extraordinaire amour maternel.

Mais, ainsi qu’elle était venue, elle s’en allait et oubliait l’enfant.

Elle ne voyait presque plus son père qui, peu à peu, s’était laissé dominer par l’ancienne Suzanne de Chantel. Celle-ci, adroite comédienne, avait fait vieillir son mari. Elle avait joué la passion avec tant de puissance que Johnson en avait les che-