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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/286

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PERVERSE

qui vient crever dans des brancards de fiacre, usé avant l’âge, et elle souriait.

— Tu dégringoles, marquis, dit-elle. Depuis huit jours, tu engraisses stupidement.

— Tu ne rajeunis pas non plus, Paula. et tu maigris.

De Plombières eut un soupir.

— Tu penses donc encore à Margot ?

— Oui. Que veux-tu ? ma fin de vie est ratée. Je voulais vivre tranquille avec la gosse, et je ne puis oublier ma sottise : croire à l’amour d’une femme qu’on paye.

Il y eut un silence. Et les deux bêtes lasses, après avoir fixé leurs yeux, brutalement attirés par l’habitude de l’étreinte, se traînèrent l’un vers l’autre, et se prirent comme s’ils s’étaient aimés.

Plus abattus après, ivres de dégoût, fatigués l’un de l’autre, se méprisant également, ils se dirent adieu et de Plombières partit.

Il remonta les Champs-Élysées, passa sous les fenêtres de l’hôtel de Suzanne. Les fenêtres n’avaient aucune lueur.