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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/296

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PERVERSE

Au réveil, Madame veuve Johnson avait changé d’avis. Non, décidément, elle ne chanterait plus, elle ne pouvait plus être une cabotine.

Le lendemain, d’ailleurs, sans tambour ni trompette, elle filait pour l’Algérie avec une femme de chambre. Un seul domestique restait pour garder son hôtel, avec ordre de n’y laisser entrer personne.

Suzanne, qui n’était pas une bête, avait mis dans sa jolie tête de faire peau neuve ; elle resterait deux ou trois ans absente, loin de Paris, deviendrait une femme sérieuse, épouserait, avec sa fortune, un bonhomme quelconque, et, sous le nom nouveau de son nouveau mari, à Paris où l’on oublie si vite, peu de gens reconnaîtraient la Suzanne de Chantel cabotine, prostituée et porteuse de diamants des Folies-en-l’air ; à peine se souviendrait-on qu’elle s’était appelée Madame Johnson.

Mariette d’Anjou, au contraire, avec son âme de bonne fille, pas méchante, pas roublarde, qui aime la tranquillité et l’amour,