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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/315

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PERVERSE

fermés, mais si vivants derrière les paupières closes, qu’entre les cils ils étincelaient quand même, tout le corps raidi par le spasme prochain, comme rêvant et goûtant par avance le charmeur plaisir où s’endorment les peines et les souffrances, la gorge sèche, le cœur battant, cambrée dans la nervosité de ses reins souples, elle attira contre sa poitrine l’amant.

Et lui, réveillé dans ses sens, tout à l’heure las, se laissa emporter vers la joie, s’abandonna de toutes ses forces, avide, gourmand, prodigue de chaleureuse jeunesse, se jetant dans l’ivresse comme il s’était lancé dans la bataille. Les soupirs et les sanglots de la femme prise chantaient à son oreille comme un clairon qui hurle à la charge. L’étreinte des bras, autour de ses reins, le poussait comme si une troupe formidable de batailleurs, altérés de la joie, de sa joie, eussent voulu tremper comme lui leurs lèvres, au divin baiser.

Sur l’amour, sous l’amour, affolés, ne sentant plus les degrés d’ivresse, ils lut-