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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/113

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louer pour neuf mois à qui y mettra le prix. » C’est le nihilisme qui a produit en Russie les conspirations enfantines, ainsi nommées parce que les conspirateurs étaient presque toujours des jeunes gens de quinze à vingt ans. Ces menées avaient pour but, comme on le sait, d’abolir la famille, de massacrer l’Empereur et ses proches, ainsi que les fonctionnaires de l’État. Le nihilisme a tellement abaissé le niveau moral de la classe moyenne en Russie, qu’un Russe qui, par la position qu’il occupe dans l’empire, en connaît bien les populations, disait dernièrement : « Si jamais nos anarchistes étaient assez forts pour faire une révolution, on assisterait à des scènes auprès desquelles les infamies de la Commune de Paris ne seraient que des gentillesses. »

Chez les individus, quels ravages ne produisent pas les ouvrages de philosophie et les poésies empreints de scepticisme ; ouvrages d’autant plus dangereux qu’ils sortent de plumes habiles.

En France, un élève d’une école normale doué d’une grande intelligence a manqué sa vocation d’instituteur, parce qu’il a, non pas lu, mais dévoré à l’insu de ses maîtres et au détriment de ses leçons, quelques-uns des romans de mœurs d’Eugène Sue.