Aller au contenu

Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127

Voici un fait entre autres qui montre combien il y a inconséquence et imprudence pour des personnes pieuses ou seulement honnêtes à garder dans leur bibliothèque des livres immoraux.

Un jeune homme était en séjour chez un ecclésiastique. La bibliothèque de celui-ci était une bibliothèque avant tout pastorale. Cependant il y avait aussi sur ces modestes rayons assez de livres de voyages, de biographies littéraires et de bonnes poésies pour occuper les loisirs d’un jeune homme. Ajoutez à cela deux ou trois bons romans. Le pasteur désirait proscrire de chez lui les mauvais livres ; mais, par une malheureuse négligence, il avait laissé, parmi d’autres excellents ouvrages de poésie, un méchant poème auquel il avait fait grâce parce qu’il était illustré d’une eau-forte de Flameng et qui était d’ailleurs relégué au dernier rayon. Or, de tous les livres de cette modeste bibliothèque, ce fut précisément celui-là qui attira le plus l’attention du jeune homme et dont il s’empara pour le lire. Le livre fut détruit (un peu tard) et le digne ecclésiastique se promit qu’aucun mauvais livre, fût-il illustré par Flameng, ne serait plus désormais toléré dans sa bibliothèque.