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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/175

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des bibliothèques populaires, pourvu toutefois que la part du réel y soit prépondérante, nous croyons aussi que leur nombre doit être assez limité. Si l’on n’en use pas avec sobriété, ce genre de littérature finit par tout envahir et les jeunes lecteurs n’ont plus de goût que pour cette sorte de livres qui passionne sans instruire.

Pour être introduit dans les bibliothèques populaires, il faut que le roman ne présente que des choses possibles et ordinaires, ou, selon l’expression d’un auteur, des fictions réelles. Mais ce dont il faut se garder, c’est du roman à sensations, à émotions violentes, qui fait faire au lecteur un triste retour sur les compagnons de son existence. C’est ainsi que la jeune fille, pour ne prendre qu’un exemple, en comparant son père et sa mère, ses frères et sœurs, avec les êtres brillants et factices que lui offrent les romans, finit par se dégoûter de ceux qui l’entourent. Avides d’émotions, de scènes extraordinaires, les lecteurs de romans qui ont débuté par des ouvrages anodins, voient chaque jour leur curiosité s’accroître, et des romans honnêtes passent aux mauvais. C’est là le véritable danger. On sait le reste : bientôt le sens se fausse et à