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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/176

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mesure que le jugement se dégrade, le cœur prend une mauvaise direction ; les sentiments naturels et vrais font place à des illusions, à des désirs chimériques, les douces affections du foyer paternel paraissent fades à un cœur blasé par des lectures romanesques.

Si les habitants des campagnes veulent se livrer à l’attrait des lectures imaginatives, d’autant plus dangereuses pour eux qu’ils ne sont pas capables de choix et de discernement, qu’il ne soit pas dit qu’ils les trouvent dans les bibliothèques rurales, qui ne sont après tout que des cabinets de lecture quand elles ouvrent leurs rayons à ce genre d’ouvrages. Non seulement les bibliothèques populaires ne devraient posséder que peu d’ouvrages d’imagination, mais elles devraient renfermer seulement des romans dont la conclusion soit conforme aux règles de la morale. Quand on ne lit d’abord que des romans honnêtes, saura-t-on s’arrêter à temps ? D’ailleurs la limite est très difficile à déterminer. L’expérience nous apprend que, lorsqu’on se met à lire de tels livres, on les lit tous, bons ou mauvais, soit pour les comparer les uns aux autres, soit parce que les livres instructifs ont moins d’attrait.