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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/254

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conséquent il est dès lors responsable devant l’État, personnifié dans son gouvernement, de la manière dont il s’acquitte des fonctions publiques dont il s’est volontairement investi. Et si l’on conteste la légitimité de la censure en disant que l’État, lorsqu’il l’exerce, sort de ses attributions, nous demanderons pourquoi l’État, qui dispose dans une certaine mesure des intérêts, des biens et même de l’honneur et de la vie des individus, n’aurait pas le droit d’exercer un contrôle actif et efficace sur les écrits de ces mêmes individus ? Pourquoi l’État, qui est chargé de veiller à la conservation et à la prospérité matérielle et morale de la société, n’aurait-il pas le droit et le devoir d’arrêter et d’empêcher la diffusion de nos pensées et de nos phrases, quand celles-ci sont capables de porter le trouble et le ravage au sein de l’humanité ?

Le seul motif sérieux qu’on puisse invoquer contre la censure littéraire, c’est l’abus qui en a été fait. Mais une bonne institution ne doit pas être condamnée parce qu’elle a quelques inconvénients. Toute chose humaine a son mauvais côté. Ce qui importe surtout, ce dont on doit avant tout s’informer, c’est de savoir si la somme