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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/255

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des avantages est supérieure à celle des inconvénients. La justice a commis et commet encore des erreurs et des écarts, et cela ne saurait nous surprendre, car tous les hommes, même les meilleurs, sont faibles, corrompus, pécheurs et surtout faillibles ; qui oserait demander la suppression de la justice à cause de ses erreurs ? Les abus d’une bonne chose ne doivent pas suffire pour en proscrire l’usage.

C’est surtout au point de vue politique et religieux qu’on a abusé de la censure, et moins que personne nous ne songerons à le nier. Mais ces inconvénients ne sont pas absolument inévitables et l’on pourrait, nous semble-t-il, les faire disparaître en limitant l’action des censeurs au domaine purement moral. Rien n’empêche d’ailleurs que des garanties sérieuses ne soient accordées aux auteurs pour les mettre à l’abri soit des excès de pouvoir de la censure, soit de ses erreurs. Et pour cela, il suffirait de donner aux auteurs le droit d’en appeler à une cour supérieure devant laquelle ils seraient admis à plaider leur cause. Au point de vue des mœurs, la censure, sagement comprise et limitée, nous le disons avec conviction, nous semble une institu-