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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/55

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qu’elle donne ensuite à son mari. Ce qui avilit l’épouse ce n’est pas l’infidélité à la foi jurée, c’est le mensonge. Cette odieuse justification du fatalisme de la chair est aussi une théorie de Balzac dans le Père Goriot. D’après lui, il n’y a dans la liaison adultère ni crime ni rien qui puisse faire froncer le sourcil à la vertu la plus sévère. Combien d’honnêtes gens contractent des unions semblables ! S’unir quand on se convient, se quitter quand on ne s’aime plus, pour nouer une liaison nouvelle, voilà toute la loi de Georges Sand. Dans Lucrezia Fiorani, par exemple, elle va plus loin ; reprenant l’opinion qu’Alfred de Musset avait développée dans la Confession d’un enfant du siècle, elle cherche à démontrer qu’une femme n’est pas une femme de mauvaise vie pourvu qu’elle n’aime pas deux hommes à la fois, qu’elle peut très bien n’appartenir de fait et d’intention qu’à un seul, pendant un temps donné, suivant la durée de sa passion. Pourvu qu’une femme n’appartienne qu’à un seul homme en même temps, elle peut sans crime se donner à un autre quand elle a cessé d’aimer le premier, changer vingt fois d’amants et après cela se croire et se dire femme honnête.