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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/57

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sous l’inspiration qui ne lui laisse ni concevoir, ni méditer ni diriger son action. Et si cela est vrai, gardez à la nature supérieure sa supériorité, même quand elle arrive au crime, et puisque la loi avait à faire un choix entre ces deux hommes, elle aurait dû au moins conserver le mieux constitué. »

Dans ce même roman, quand Richard, son héros, veut tuer sa cousine, l’auteur dit :

« Une minute de doute et de silence se passa. De quel côté fut la victoire ? Est-ce l’amour, est-ce la vengeance qui l’emporta ? Il ne choisit pas, mais il jeta son amour dans sa vengeance pour qu’elle fût plus affreuse et plus complète. Une fois qu’il eut mis le pied dans le crime, il voulut y nager et rêva qu’il rendrait son attentat respectable s’il le faisait immense[1]. »

Cette glorification du crime, personne plus que Balzac ne s’y est livré dans ses ouvrages. À l’exemple de Schiller et de Byron, qui prenaient leurs héros parmi les brigands, auxquels ils prêtaient une grandeur d’idées et une élévation de sentiments singulières, l’auteur de Peau-

  1. Les deux Cadavres, tome I., p. 85.