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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/92

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« Ah ! fard, hypocrisie, trahisons, vertus singées, fausses femmes que vous êtes. Non, vous ne vous valez pas. Nous ne trompons personne nous ! Vous, vous trompez tout le monde ; vous trompez vos familles, vous trompez vos maris, vous tromperiez le bon Dieu si vous pouviez… Oh ! les vertueuses femmes qui passent voilées dans les rues… ! » Étrange paradoxe ! comme s’il n’y avait de vertueux que l’enfant du peuple et de corrompu que le riche. Comme si le péché n’habitait pas tous les étages de la maison.

On sait que toutes les maladies morales, il n’en est point qui se propage autant que la passion du suicide. Si on consulte les documents officiels de la France depuis 1846, on voit que le nombre des suicides s’est accru d’une manière effrayante. Cet accroissement, au dire des juristes et des moralistes, est dû sans contredit en majeure partie à l’influence du théâtre où on lui fait jouer un rôle considérable. De même qu’en Angleterre depuis Shakespeare le nombre de suicides s’est beaucoup augmenté, de même en France depuis M. de Vigny cette manie funeste s’est multipliée. Son Chatterton est une des pièces qui ont le plus idéalisé, exalté, excusé le suicide.