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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/93

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On raconte qu’un jeune homme, en proie à cette folie du suicide, alla un jour s’asseoir dans le théâtre où on jouait le drame de Chatterton, portant sous ses vêtements l’arme dont il voulait se frapper, et résolu à se donner la mort au moment où le héros de la pièce s’empoisonne sur la scène. On voit, par ce fait, à quel point certains esprits peuvent retirer de ces dangereux spectacles une influence néfaste. On ne joue pas impunément avec certaines armes.

Voici un fait qui donne la mesure des dangers que présente la mauvaise littérature dramatique. Toutes les fois que se jouait sur les théâtres du boulevard parisien une de ces pièces pleines de déclamations haineuses ou de provocations perfides comme le premier quart de notre siècle en produisait, la police était obligée de redoubler de vigilance et d’activité pour surveiller les populations des quartiers de la capitale qui fournissaient le public ordinaire de ces spectacles avidement recherchés et accueillis avec enthousiasme par une foule passionnée.

À la même époque, il faisait à la préfecture de police, comme le dit M. Poitou dans son travail sur le roman et le théâtre, une statistique