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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/95

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d’autrui, c’est celui qui est considéré et récompensé, tandis qu’on méprise et condamne celui qui perd le sien. Celle qui abandonne ses enfants et court les festins, c’est celle qu’on encense, tandis qu’on met en prison celle qui recueille les enfants abandonnés. Pour accumuler sur la tête du riche tout le poids de l’infamie, l’auteur met en scène une demoiselle, la fille du baron Hoffmann qui, ayant commis une faute, fait exposer son enfant pour se disculper et accuse ensuite d’infanticide la pauvre ouvrière qui l’a recueilli ! Qu’on s’étonne après cela si le mois suivant les applaudissements du peuple sont changés en cris de guerre contre la société !

Un des côtés les plus immoraux du théâtre, c’est que le mal y est très souvent pris comme élément comique. À quel degré d’abaissement la scène n’est-elle pas descendue pour nous donner ce type de Robert Macaire, qui, né sur les scènes du Boulevard, se retrouve dans des pièces de plus haute volée. L’assassinat, le vol, toutes les turpitudes et tous les vices, personnifiés dans des individus pleins d’esprit jovial, de plaisanteries, de saillies et de calembours, voilà pour le fond. Il en est de même pour les détails. Demi-ivre, le