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monnaie qui se frappe dans l’empire. Mais le cuivre le plus singulier, est celui qu’on appelle pe tong, cuivre blanc. Il est en effet blanc de sa nature, quand on le tire de la mine ; et encore plus blanc en dedans qu’en dehors, quand on en rompt les grains.


Cuivre blanc.

On en a apporté à Peking et l’on en a fait toutes sortes d’épreuves, par lesquelles on s’est assuré qu’il ne doit sa couleur à aucun mélange, et qu’au contraire le mélange le rend moins beau : car quand il est bien préparé, il ressemble parfaitement à de l’argent ; et si ce n’était pas une nécessité d’y mêler un peu de totenague, ou de semblable métal, pour l’amollir, et empêcher qu’il ne soit cassant, on en pourrait faire des ouvrages d’autant plus singuliers, qu’il n’y a peut-être pas hors de la Chine une semblable espèce de cuivre : on n’en trouve même que dans la province d’Yun nan. Ceux qui veulent lui conserver sa belle couleur, y mêlent la cinquième partie d’argent au lieu d’autre métal.


Cuivre rouge.

Pour ce qui est du cuivre nommé tse lay tong, ou cuivre qui vient de lui-même, il paraît certain que ce n’est autre chose, qu’un cuivre rouge et détaché par les grandes pluies des hautes montagnes d’Yun nan, et trouvé ensuite dans le sable, et dans les cailloux, après que les torrents se sont désenflés, ou que leur lit est à sec.

Les Chinois attribuent aux bracelets de tse lay tong la propriété de fortifier les bras contre les attaques de la paralysie, ou plutôt d’empêcher qu’ils ne deviennent insensibles par la décharge de certaines humeurs. Un des Tartares qui était avec les missionnaires, ayant fait faire des bracelets d’or d’Yun nan à la place de ceux de tse lay tong, dont il s’était d’abord servi, se trouvait autant soulagé par l’usage de ceux-là que par l’usage de ceux-ci : ce qui peut faire douter de l’effet de ce métal ainsi employé extérieurement. Il ne laisse pas d’être en réputation dans la province d’Yun nan et même à Peking.


Carrières de pierres singulières.

S’il était bien vrai, comme on l’assure, que le hiung hoang est un souverain remède contre toutes sortes de venin, on devrait le préférer aux rubis même d’Yun nan et le regarder comme une source de richesses pour l’empire : car non seulement dans le Yun nan mais encore dans plusieurs autres provinces, même boréales, comme le Chen si, l’on en trouve des mines, ou plutôt des carrières ; ce n’est pas un minéral, mais une pierre molle, dont on fait sans peine toutes sortes de vases en sculpture, et qu’on teint avec du vermillon. Sa couleur naturelle tire sur le jaune, et paraît quelquefois marquetée de points noirâtres.

Ce que disent les géographes chinois, que cette pierre est un excellent spécifique contre les fièvres malignes, ne paraît pas trop certain : du moins on ne s’en sert point à ce dessein dans les lieux, où il s’en trouve en abondance : ou il faut croire que si elle a en effet cette propriété, les médecins n’en ont pas fait l’épreuve.


Pierre d’azur.

La pierre d’azur n’est pas fort chère dans l’Yun nan, où on la trouve en différents endroits, et elle ne diffère en rien de celle qu’on apporte en Europe. Elle se trouve aussi dans la province de Se tchuen et dans le district de Tai tong fou, de la province de Chan si, qui fournit peut-être le plus beau yu