Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/125

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et qu’on fait réflexion qu’elles ne sont entretenues, que pour fournir à la subsistance de la ville impériale.

Dans les pays, où il n’y a rien à craindre pour le grand canal royal, on voit plusieurs petits canaux qui y viennent aboutir : ils ont été faits par les villes voisines, ou par des communautés de gros villages. L’avantage qui leur revient d’avoir communication avec le reste du royaume, et de faciliter par là le commerce, a fait surmonter aux Chinois des obstacles qui effrayeraient un Européen. Telle est par exemple la partie d’un des canaux qui va de Chao hing fou à Ning po fou ; les eaux d’un canal ne se trouvant pas de niveau avec l’autre, on ne laisse pas de faire passer le bateau, en le guindant par le moyen de deux cabestans, sur la pointe d’un glacis de pierre, mouillé d’un peu d’eau, et en le laissant ensuite tomber et glisser par son propre poids dans le second canal, où il est lancé durant quelque temps comme un trait d’arbalète ; et c’est pour faciliter ce passage que ces bateaux sont faits en forme de gondole, et ont une quille d’un bois fort dur et capable de soutenir tout le poids de la barque.

Ces bateaux ne sont propres qu’à porter les marchandises de Ning po, et des villes dépendantes, jusqu’au canal de Chao hing. Du reste, soit pour la grosseur, soit pour la structure, ils sont bien différents des barques impériales, qui sans doute ne pourraient faire un tel saut sans se briser, ou du moins sans d’autres inconvénients considérables.

Dans la province de Quang si on a joint ensemble et le fleuve qui va à Canton se jeter dans la mer, et celui qui après avoir traversé la province de Hou quang, entre enfin dans le grand fleuve Yang tse kiang, où vient aboutir le canal royal, comme on l’a déjà remarqué. L’eau qu’on ramasse des montagnes qui sont dans le nord de la province, forme près de la ville Hin ngan hien une rivière assez petite, dont on arrête le cours par une digue d’une hauteur proportionnée au terrain le plus élevé, sur lequel commence à couler cette quantité d’eau, que sa force oblige à s’élever au dessus de sa pente naturelle, à laquelle on abandonne le surplus de l’eau. Mais ce canal qui ne va pas loin, sans entrer dans les deux fleuves dont j’ai parlé, n’est ni si commode, ni si bien entretenu que le grand canal. L’eau y est souvent si basse, qu’en plusieurs endroits les barques sont plutôt tirées sur le gravier, qu’elles ne sont poussées sur l’eau.

Ces espèces d’écluses, qu’on a décrites, si propres à augmenter l’eau en l’arrêtant, ne sont la plupart que de terre soutenue par des pieux, dont on ferme l’entrée avec des nattes, ou avec d’autres choses semblables. Cependant comme l’industrie et le travail des bateliers et des gens du pays, suppléent à ce défaut, cette route ne laisse pas d’avoir des avantages qui la font fréquenter par beaucoup de marchands, qu’un journée de terre indispensable dans la route de Canton par la province de Kiang si, ne laisse pas d’épouvanter, à cause de la dépense et de la peine qu’il y aurait à transporter les marchandises.

Ils auraient la même incommodité à essuyer, s’ils venaient de Canton par la province de Hou quang ; puisque la ville Y tchang hien de cette province d’où coule la rivière, qui passant à Chao tcheou fou se joint à celle de