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PRÉFACE


L’EMPIRE de la Chine a été depuis fort longtemps un objet de curioſité pour l’Europe ; les prémieres connoiſſances qu’on en eût, trouverent d’abord peu de créance dans les eſprits ; la Relation que publia le Voyageur Vénitien, qui, à la ſuite des Tartares, avoit parcouru quelques Provinces de cet Empire, paſſa pour le fruit d’une imagination qui cherchoit à s’égayer ; tout ce qu’il racontoit de l’ancienneté de cette Monarchie, de la ſageſſe de ses loix & de ſon gouvernement, de la fertilité de ſes terres, des richeſſes de son commerce, de la multitude prodigieuſe de ſes habitans, de la douceur & de la politeſſe de leurs mœurs, de leur application à faire fleurir les Arts & l’Agriculture, de leur goût & de leur ardeur pour les Sciences, tout cela fût regardé comme de pures fictions, où la vraiſemblance n’étoit pas même obſervée. On ne pouvoit ſe perſuader qu’au-delà de tant de Nations à demi barbares, & à l’extrémité de l’Aſie, il se trouvât un puiſſant État, qui ne le cédait guère aux États les mieux policés de l’Europe.

Avec le temps on revint de ces préjugez, et l’on rendit plus de juſtice à la ſincérité de l’Auteur Vénitien, ſur