Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/264

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trouvera dans la suite de cet ouvrage ; et comme une simple description ne suffit pas, pour distinguer exactement quelle est la nature des pierres et des terres qui se mettent en œuvre, il m’est venu de la Chine des montres, ou si l’on veut des échantillons de ces différents matériaux, qu’on a remis au savant M. De Réaumur l’un des illustres membres de l’académie des sciences, qui est bien capable d’en trouver de semblables, s’il y en a effectivement dans quelque province de France.

Huit villes relèvent de Nan tchang, dont sept sont du troisième ordre et une seule du second. Ses campagnes sont si bien cultivées, qu’à peine trouve-t-on des endroits, où les bestiaux puissent paître. Elle a toujours fourni un grand nombre de gens de lettres, et elle est remplie de personnes de distinction.

Le viceroi y tient sa cour, et il y a des officiers et des magistrats considérables. Sous la dynastie précédente on y voyait plusieurs familles de princes de la maison impériale, dont la fortune avait quelque chose de bizarre, mais qui n’était pas sans éclat. Maintenant tous les princes sont à la cour, et il ne leur est pas permis de s’en écarter.


IAO TCHEOU FOU. Seconde ville.


Cette ville qui a dans son ressort sept autres villes du troisième ordre, est très belle et très agréable par sa situation : elle est placée sur le bord septentrional du lac Po yang, et environnée de rivières qui se jettent dans ce lac.

Tout le pays est plat : les rivières qui l’arrosent, le rendent extraordinairement fertile, mais elle est surtout célèbre par la belle porcelaine qui se fait dans une bourgade de son district, nommé King te tching.

Ce bourg, où sont les vrais ouvriers de la porcelaine, est aussi peuplé que les plus grandes villes de la Chine : il ne lui manque qu’une enceinte de murailles, pour avoir le nom de ville. Ces endroits, nommés tching, qui sont d’un grand abord et d’un grand commerce, n’ont pas d’enceinte. On compte dans ce bourg plus d’un million d’âmes : il s’y consomme chaque jour plus de dix mille charges de riz, et plus de mille cochons, sans parler des autres animaux dont ils se nourrissent. Les logements des gros marchands occupent un vaste espace, et contiennent une multitude prodigieuse d’ouvriers.

Au reste King te tching a une lieue et demie de longueur sur une belle rivière : ce n’est point un tas de maisons, comme on pourrait se l’imaginer : les rues sont fort longues, elles se coupent et se croisent à certaine distance ; tout le terrain y est occupé, les maisons mêmes ne sont que trop serrées, et les rues trop étroites ; en les traversant on croit être au milieu d’une foire, et on entend de tous côtés les cris des portefaix, qui se font faire passage,

La dépense y est bien plus considérable qu’à Iao tcheou, parce qu’il faut faire venir d’ailleurs tout ce qui s’y consomme, et même jusqu’au