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avoir vingt à vingt cinq lieues d’étendue : six villes du troisième ordre en relèvent.

A en juger par ce qui reste encore de son ancienne beauté, c’était avant les dernières guerres une des plus florissantes villes de l’empire ; mais depuis que les Tartares l’ont saccagée, ce n’est presque plus qu’un amas de ruines et de masures, au milieu desquelles on voit d’espace en espace quelques maisons qu’on tâche de relever, et qui forment des espèces de hameaux, de villages, et de bourgs dans l’enceinte de la ville même, si l’on excepte le côté de l’orient qui est bien bâti, et où sont presque tous les tribunaux des mandarins.

On compte quarante à cinquante mille âmes tant dans la ville que dans les faubourgs. La campagne en récompense est fort peuplée, et fort bien cultivée. On y fait en plusieurs endroits double récolte de riz tous les ans, et c’est du district de cette ville, qu’on tire ordinairement la plus grande partie du riz, que la province est obligée de fournir chaque année à l’empereur : le riz y est très bon, et d’une blancheur qui éblouit.

L’air y est pur et très sain. Rien de plus agréable que ses montagnes, d’où il sort des ruisseaux et des rivières, qui arrosent tout le pays, et le fertilisent. Aussi y trouve-t-on les vivres en abondance. Les figues y viennent fort bien ; un missionnaire y avait planté dans son jardin des treilles, qui produisaient de fort bon raisin noir, et dont il faisait du vin mais pour ce qui est des autres fruits, ils y mûrissent difficilement, apparemment parce que le terroir est trop humide.


LIN KIANG FOU. Huitième ville.


C’est dans le district de cette ville, et à trois lieues de distance sur le bord de la grande rivière, qui venant du midi, traverse toute la province, que se trouve un tching ou bourgade, dans laquelle il se fait un très grand commerce de drogues et de simples, parce que c’est un port célèbre, où se rendent exprès de toutes les parties méridionales, les barques chargées d’herbes médicinales, dont se composent les remèdes, et où l’on vient les chercher des autres provinces. Pour ce qui est de l’enceinte de la ville, elle n’est guère peuplée ; il y a peu de commerce ; on n’y fait pas grande dépense, et l’on dit en riant qu’un cochon suffit à toute la ville pour deux jours. Elle n’a dans son ressort que quatre villes du troisième ordre.

Elle est située à deux lieues et demie du fleuve, et sur les bords de la rivière Yu ho. Son terroir est bon, et le climat est sain : on y cueille d’excellentes oranges qu’on transporte dans les provinces voisines, et c’est là presque tout son commerce. Les montagnes qui l’environnent, sont couvertes de grands arbres, ou de terres qu’on cultive par étages.