Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/269

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YUEN TCHEOU FOU. Onzième ville.


Cette ville ne le cède point aux autres par la fertilité de son terroir, et par l’abondance de tout ce qu’on peut souhaiter. Elle est située sur les bords d’une rivière nommée Yu ho. On voit dans ses environs un petit lac bordé de maisons de plaisir, où ses habitants vont souvent se régaler. Elle fournit au reste de l’empire beaucoup de vitriol et d’alun. Du reste son district est peu considérable, car il ne contient que quatre villes du troisième ordre.


KAN TCHEOU FOU. Douzième ville.


C’est une ville d’un grand abord, qui peut être comparée à Rouen par sa grandeur : elle est située sur la même rivière qui lui donne son nom, quoiqu’elle en reçoive une autre dans cet endroit, et qu’on l’appelle Tchang ho. Elle n’est guère moins marchande que la capitale.

On prétend qu’il y a une abondance extraordinaire d’herbes médicinales dans ses montagnes, aussi bien que dans celles de Quang sin fou, aux pieds desquelles le chef des bonzes tao ssëe, connu sous le magnifique nom de Tien se, c’est-à-dire maître céleste, fait sa résidence.

Entre Kan tcheou et Nan ngan, dont je parlerai bientôt, ce ne sont presque que des déserts : mais de Kan tcheou à Nan tchang c’est-à-dire, pendant plus de soixante lieues par la rivière, le pays est charmant, très peuplé, et très fertile.

A une journée de Kan tcheou est ce courant très rapide, qui a près de vingt lieues de longueur, dont je viens de parler, en faisant la description de la ville de Ki ngan fou. Quand on l’a une fois passé, on se trouve dans une belle rivière, six fois plus large que n’est la Seine vis-à vis de Rouen, et si couverte de barques, qu’à quelque heure du jour qu’on jette les yeux aux environs, on compte plus de cinquante bâtiments de charge à la voile.

Comme ce pays confine avec les provinces de Hou quang, de Fo kien et de Quang tong, et qu’autrefois il était infesté de voleurs, par la facilité qu’ils avaient de fuir d’une province à l’autre, on y a établi un tao ye, qui est gouverneur de deux villes du premier ordre. On y a aussi placé une douane, pour percevoir le droit qu’on exige des marchandises, qui se transportent sur les deux rivières.

Proche des murailles de Kan tcheou, et au lieu de la jonction de ces deux rivières, est un pont de bateaux. Ces bateaux sont liés et attachés les uns aux autres avec des chaînes de fer. C’est près de ce pont qu’est le bureau, où se trouve tous les jours le receveur de la douane, pour faire visiter les barques en sa présence, et examiner si l’on a payé le droit, dont je viens de parler. Un de ces bateaux est tellement disposé, qu’on le peut ouvrir et fermer quand les barques passent : il ne s’ouvre que lorsque chaque barque a été examinée. Le ressort de cette ville est fort étendu, car il contient douze villes du