Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/414

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recours à ses ruses et à ses artifices ordinaires : il écrivit à l’empereur une lettre très soumise et remplie de protestations de fidélité ; il le suppliait de revenir dans son palais, en l’assurant qu’il connaîtrait bientôt par lui-même, qu’il n’avait point de sujet plus dévoué que lui à ses intérêts et à son service ; il ajoutait que les plus grands ennemis du prince étaient ceux qui lui avaient inspiré un défiance si mal fondée, et il supposa plusieurs crimes, pour lesquels ils furent, ou bannis, ou condamnés à mort, et remplacés par de créatures du traître.

Il comptait de jouir bientôt du fruit de tant d’attentats, lorsqu’il périt lui-même par une perfidie également noire et détestable. Parmi ses créatures, il y avait un nommé Han tso homme double et artificieux, qui avait le plus de part à sa confiance, et à qui il avait donné toute autorité dans l’armée. L’ambition s’empara du cœur de ce scélérat, et il crut pouvoir se frayer le chemin au trône, s’il faisait périr tout à la fois et son bienfaiteur et son souverain ; il avait dressé son plan de telle sorte, que le succès lui parut indubitable. Il confia son dessein à des soldats, dont il était absolument le maître, et en leur ordonnant d’assassiner Y, lorsqu’il irait à la chasse, il les assura qu’en même temps il publierait, qu’ils n’avaient fait qu’exécuter les ordres exprès de l’empereur. Tout réussit ainsi qu’il le souhaitait, et cette mort fut regardée comme un juste châtiment que méritait un sujet rebelle.

Il ne s’agissait plus que de se défaire de l’empereur. Voici comme il s’y prit : il fit venir le fils aîné du rebelle, c’était un jeune homme vif et impétueux, nommé Kiao ; il l’anima sans peine à venger la mort de son père et lui en fournit les moyens, en détachant secrètement une partie des troupes dont il était le maître. Kiao marche vers l’empereur, qui n’avait pu former qu’à la hâte une armée peu nombreuse, lui livre le combat, défait entièrement ses troupes, tue le prince de sa propre main, et extermine ensuite toute sa famille.

Il n’y eut que l’impératrice qui échappa à sa fureur ; elle était enceinte, et ce fut avec bien de la peine qu’elle se réfugia dans les montagnes. Han tso s’empara aussitôt de la couronne, et pour récompenser celui qui avait si bien servi ses vues ambitieuses, il érigea des terres en principauté, dont il le gratifia.


HAN TSO. usurpateur.
A régné quarante ans.


L’impératrice réfugiée chez les bergers dans les montagnes, y mit au monde un fils nommé Chao kang, qu’elle éleva sans le faire connaître.

La naissance de ce prince fut ignorée pendant quelques années,