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et il était déjà parvenu à un âge mûr, lorsque l’usurpateur en eut connaissance. Il le fit chercher de tous les côtés, mais le jeune prince informé des démarches du tyran, se retira chez un prince tributaire, et entra dans sa maison en qualité de domestique ; il n’y était regardé que comme le fils d’un berger.

Cependant son maître aperçut dans la physionomie et dans les manières du jeune homme, je ne sais quel air de noblesse et de grandeur, qu’une basse naissance, et une éducation champêtre ne donnent guère. Il le fit venir un jour, et étant seul avec lui, il lui fit plusieurs questions sur sa famille, avec cette bonté qui attire toujours la confiance.

Chao kang ne crut point devoir dissimuler qui il était : il fit ingénuement le détail de tous les malheurs de sa maison, dont la princesse sa mère l’avait parfaitement instruit. Le prince, qui en était instruit lui-même, embrassa tendrement Chao kang, lui fit épouser sa fille, et pour dot il lui donna une partie de sa principauté, où le jeune prince développant bien mieux ses grades qualités, fit connaître combien il était digne du trône.

Le beau-père ne perdit point de temps : il écrivit à tous les ministres et à tous les Grands de l’empire, qui étaient attachés au dernier empereur ; il forma une armée, et s’étant assuré du suffrage des peuples, qui détestaient le tyran, et soupiraient après leur légitime souverain, la dix-huitième année du cycle, il alla attaquer l’usurpateur. Han tso ne résista pas longtemps ; son armée fut défaite ; on le fit prisonnier, et une mort infâme termina sa détestable vie. En même temps Chao kang fut établi sur le trône de ses ancêtres avec un applaudissement général.


Cycle V. Année avant J. C. 2067.


CHAO KANG. Sixième empereur.
A régné vingt-deux ans.


Aussitôt que Chao kang fut sur le trône, il donna ordre au général de ses troupes, de poursuivre le complice de l’usurpateur et le meurtrier de son père. Kiao se mit en défense, mais sa petite armée fut taillée en pièces : on le fit prisonnier, et on lui trancha la tête.

La mort de ces rebelles rétablit le calme et la tranquillité dans l’empire : les lois reprirent leur première vigueur ; l’empereur convoqua souvent l’assemblée des princes tributaires, pour réformer les abus qui se glissaient, et mettre l’ordre dans toutes les parties de l’État ; ses ordonnances furent exactement observées, et les peuples vécurent contents sous une si sage administration. Sa réputation lui attira même des ambassades des princes étrangers, et son règne fut