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l'infamie d’une action criminelle dont il était innocent. L’année vingt-huitième du cycle, il y eut en divers endroits de l’empire une disette si affreuse, que la famine contraignit plusieurs Chinois à se nourrir de chair humaine.

L’empereur n’avait que trente-six ans lorsqu’il mourut la quarante-quatrième année du cycle ; quoiqu’il eût un très grand nombre de concubines, il ne laissa point après lui de postérité : Ling ti de la famille de Tching ti fut son successeur.


LING TI. Vingt-quatrième empereur.
A régné vingt-deux ans.


Entre les mauvaises qualités de ce prince, on blâme principalement son extrême affection pour les eunuques, auxquels il donna encore plus de pouvoir que ses prédécesseurs, son aversion de ceux qui pouvaient lui donner de sages conseils, son insatiable avarice, et son esprit mordant et satirique. La fantaisie lui prit d’établir une foire dans son palais, où l’on vendait toutes sortes de curiosités, son plaisir était de voir ses concubines y mettre l’enchère, et en venir souvent aux querelles et aux injures.

Par une autre bizarrerie d’esprit, il se faisait un divertissement ordinaire de se promener dans ses jardins porté sur un char traîné par des ânes ; et comme les usages de la cour ont coutume de passer aussitôt dans les provinces, il arriva que dans tout l’empire, on ne fit presque plus d’état des chevaux, et qu’on leur préféra les ânes.

La seule action de cet empereur, qui lui attira des éloges, fut le soin qu’il prit de faire graver sur des tables de marbre, les sages instructions des anciens empereurs renfermées dans les cinq livres classiques, et de les faire exposer à l’entrée de l’académie.

La puissance des eunuques était devenue si grande, qu’ayant découvert que plusieurs Grands de l’empire avaient conspiré leur perte, ils s’en vengèrent en les faisant tous mourir.

L’autorité impériale, ainsi négligée ou dégradée, ne pouvait manquer de donner lieu à bien des révoltes. Aussi vit-on bientôt paraître de nombreuses troupes de brigands, qui se faisaient appeler les bonnets jaunes et qui formèrent de grosses armées. Elles avaient à leur tête trois frères, nommés Tchang, fort attachés à la secte de Leao kiun, qui se répandirent dans plusieurs provinces, et y firent de grands ravages ; mais enfin les différents corps d’armées qu’ils commandaient, furent défaits les uns après les autres, et les trois chefs y périrent.


Cycle XLIII. Année de J. C. 184.

Les Barbares (car c’est ainsi que les Chinois appellent les étrangers) essayèrent à plusieurs reprises de faire des conquêtes dans