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durant trois siècles l’empire du nord de l’empire du midi, et servait de bornes à l’un et à l’autre : mais en l’année 54 ces deux dominations furent réunies, et entièrement soumises au nouvel empereur.

Il était d’une maison illustre, qui avait rendu de grands services à la cinquième famille de Han. Il tint sa cour dans la province de Chen si. Il n’avait nulle connaissance des lettres ; mais il en était bien dédommagé par la solidité et la pénétration de son esprit. Son amour pour les peuples, et son admirable tempérance lui attirèrent l’estime et la confiance de ses sujets.

Il réforma l’ancienne musique, et ordonna aux savants de ne s’attacher dans leurs compositions qu’à la solidité du raisonnement, et d’en bannir les fleurs et les vains ornements, qui ne sont propres qu’à flatter l’oreille, et à énerver l’éloquence.

Il fit bâtir dans toutes les villes des greniers publics, et ordonna que chaque famille à proportion de son bien fournirait chaque année une certaine quantité de riz et de blé, afin que dans un temps de famine on fût en état de secourir les pauvres.

Il avait porté un édit, qui condamnait à mort celui qui aurait volé huit sols ; dans la suite, sur les représentations qui lui furent faites, il abolit cette loi. Mais il fut inexorable à l’égard des juges qui se laissaient corrompre par les présents. Enfin il défendit d’élever aux charges publiques ceux qui se mêlaient du commerce, ou qui professaient des arts mécaniques.


Cycle L. Année de J. C. 604.

Il avait jeté les yeux sur son fils aîné, quoiqu’il lui connût peu de mérite, pour le déclarer son héritier. Yang ti son second fils fut si irrité de cette préférence, qu’il tua son père âgé de soixante-quatre ans, la première année du cycle. Il traita avec la même inhumanité son frère, qu’il regardait comme son rival : et ce double crime lui servit de degrés pour monter sur le trône.


YANG TI. Second empereur.
A régné treize an.


Quoique ce prince eût des qualités estimables, il est généralement blâmé à cause de son luxe et de sa prodigalité. Après avoir transporté sa cour de la province de Chen si dans celle de Ho nan, il fit bâtir deux greniers publics d’une grandeur prodigieuse, et un parc qui avait quinze lieues de tour, avec de superbes palais, et des jardins magnifiques où il se promenait à cheval, accompagné d’un grand nombre de ses femmes, qui formaient des concerts mêlés de voix et