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rétablit dans l’empire. Mais elle ne dura pas longtemps. Cinq des plus puissants rois secouèrent le joug, et refusant de reconnaître l’empereur pour leur maître, prétendirent vivre dans une indépendance absolue.

Un mandarin nommé Fou hou tsien, se voyant prêt de mourir, se fit raser la tête, comme font les bonzes, dont il était le protecteur, et voulut être inhumé avec leurs cérémonies. On verra dans la suite que cet exemple fera suivi dans la dix-neuvième dynastie par plusieurs Grands de l’empire.

L’année huitième de ce règne, plus de deux cent mille Tartares firent irruption dans l’empire, et obligèrent l’empereur de prendre la fuite. Son palais fut pillé, et ces barbares, chargés de richesses immenses, se retirèrent dans leur pays.

L’empereur, avec le secours du célèbre Ko tsou y, revint habiter son palais. On voit l’éloge de ce fameux général sur le monument de pierre, dont j’ai parlé plus d’une fois. On y loue sa libéralité, et l’on ne doute point qu’il n’ait contribué de son crédit et de ses biens, à faire élever des temples au vrai Dieu : quelques-uns même conjecturent qu’il avait embrassé le christianisme. Le même monument rapporte que le jour de la naissance du Sauveur, l’empereur envoya de précieux parfums à l’église, et des fruits de sa table aux ministres évangéliques.

Tai tsong mourut à l’âge de cinquante-trois ans, l’année cinquante-unième du cycle. Son fils aîné Te tsong lui succéda.


TE TSONG. Neuvième empereur.
A régné vingt-cinq ans.


L’empire ne trouva pas un fort appui dans ce prince : il ne s’occupait que de bagatelles, il était d’un naturel timide, extrêmement défiant, et prêtant volontiers l’oreille aux flatteurs. Ce qu’il eut de louable, c’est le refus qu’il fit de recevoir des présents étrangers, dont on tirait un favorable augure. « Le meilleur augure que je puisse avoir, dit-il, c’est de me voir environné de gens sages. » Il donna une marque de désintéressement, qui lui attira de grands éloges ; on lui offrit une très grande somme d’argent ; au lieu de la recevoir, il la fit distribuer à ses soldats.


Cycle LIII. Année de J. C. 784.

L’année troisième de ce règne le fameux Ko tsou y, qui avait rendu de si grands services à l’empire, mourut âgé de quatre-vingt-cinq ans. Il avait été premier ministre sous quatre empereurs, et la réputation de sa probité était si grande, qu’on disait communément que depuis plusieurs siècles il n’y en avait jamais eu de pareille.

On avait en ce ministre une telle confiance, qu’il est vrai de dire