Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/556

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’imiter leurs vertus, non pas leurs fautes. »

Cette réplique piqua tellement l’empereur, qu’il jeta le placet, le foula aux pieds, et dépouilla de sa dignité celui qui lui donnait ce conseil.

Tche tsong n’avait que vingt-cinq ans lorsqu’il mourut la dix-septième année du cycle. Hoei tsong fut son successeur, c’était le onzième fils de Chin tsong, sixième empereur de cette dynastie.


HOEI TSONG. Huitième empereur.
A régné vingt-cinq ans.


Ce prince partagea son autorité avec l’impératrice son aïeule, et s’occupa plus volontiers du luxe et des délices de son palais, que du gouvernement de son État. Il aima cependant les lettres, et il s’y était rendu habile.

En quoi il est inexcusable, c’est que ne pouvant ignorer les malheurs arrivés dans les siècles précédents par le crédit des eunuques, il les ait honoré de sa faveur et de sa protection, jusqu’à donner à quelques-uns d’eux des souverainetés, qui ne s’accordèrent jamais qu’aux princes de la famille impériale, ou, ce qui est arrivé rarement, à de grands hommes qui avaient rendu des services signalés à l’empire.

Sa réputation souffrit encore davantage de son fol attachement aux superstitions de la secte de Tao : il fit chercher de tous côtés les livres qui renfermaient la doctrine de cette secte abominable, il eut même la folie de donner le titre de Chang ti, c’est-à-dire, de suprême seigneur, à un fameux disciple de la secte nommé Tchang y, qui vivait sous la dynastie des Han ; il fit plus, car il se déclara chef de cette secte impie.

Les auteurs chinois contemporains ne peuvent retenir sur cela leurs invectives, et ne font point de difficulté d’attribuer les malheurs qui suivirent, et la ruine de l’empire, à un si énorme sacrilège, qui avilissait la vraie majesté céleste.

L’empereur, contre l’avis du roi de Corée et de la plupart de ses ministres, se joignit aux Tartares orientaux appelés Niu tche, qu’il appela à son secours pour unir ensemble leurs forces, et détruire le royaume de Leao tong. Les Tartares entrèrent avec joie dans cette confédération.

Il se livra plusieurs combats où l’armée de Leao tong fut toujours défaite, enfin réduite à une telle extrémité, que ce qui restait de ces peuples, fut obligé de quitter son pays, et d’aller chercher un asile vers les montagnes d’occident. Ainsi périt le royaume de Leao qui, pendant deux cent neuf ans, avait été gouverné par neuf souverains.