Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/557

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Cette conquête enfla tellement le cœur du Tartare, qu’il songea à former un empire, et il lui donna le nom de Kin. Peu après, portant ses vues plus loin, et ne cherchant qu’à s’agrandir, il rompit avec éclat les traités qu’il avait faits avec l’empereur de la Chine, et entra dans les provinces de Pe tche li et de Chen si, dont il se rendit maître, moins par la force de ses armes, que par la lâcheté et la trahison de quelques Chinois, qui étant mécontents de l’empereur, facilitèrent à son ennemi la conquête de ces provinces.

L’empereur, qui se voyait en danger de perdre la plus grande partie de ses États, proposa au Tartare différentes conditions, les unes plus avantageuses que les autres. Le Tartare l’invita à venir en personne régler les limites des deux empires ; il s’y rendit, et ils convinrent ensemble de nouveaux articles qui devaient affermir la paix.

Mais l’empereur étant de retour dans sa capitale, ses ministres le firent changer, en lui disant que ce traité ne pouvait subsister, et que la plus cruelle guerre était préférable à une paix si honteuse. Le Tartare qui fut informé de cette résolution, reprit aussitôt les armes, et après s’être emparé de plusieurs villes, il entra en triomphe dans la province de Chan si, d’où il invita une seconde fois l’empereur de venir régler leurs limites.

Ce malheureux prince, qui ne craignait rien tant que la guerre, eut la faiblesse d’aller encore trouver son ennemi : mais à peine y fut-il arrivé qu’on se saisit de sa personne, et qu’après l’avoir dépouillé des marques de sa dignité, on le retint prisonnier. Un fidèle ministre qui l’accompagnait nommé Li so chin, outré d’une si noire perfidie, et poussant un profond soupir : « Le Ciel dit-il, ne peut avoir deux soleils, ni moi obéir à deux maîtres. » Les efforts que firent les Tartares pour le calmer ne servirent qu’à enflammer sa colère, et dans la fureur qui le transportait, après s’être coupé la langue et les lèvres, il se tua lui-même.

Hoei tsong mourut l’année quarante-deuxième du cycle, âgé de cinquante-quatre ans, dans le désert de Tartarie nommé Cha mo où il était détenu sous bonne garde. Avant que de mourir il nomma Kin tsong son fils aîné pour lui succéder.


KIN TSONG. Neuvième empereur.
A régné un an.


Kin tsong commença son règne par exécuter les ordres de son père, lequel lui avait enjoint de faire mourir six de ses ministres, coupables de l’horrible trahison qui l’avait livré aux Tartares.